Focus sur l’amygdale

T’es-tu déjà surprise toi-même à réagir de façon un peu (ou beaucoup) trop disproportionnée face à un événement qui aurait pu, normalement, être géré tranquillement ? Parfois, tu ne te rends même pas compte que tu as surréagit et ce sont les autres qui te le font remarquer. Pas d’inquiétude, tu n’es pas anormale et saches que tu n’es pas la seule à qui cela arrive. Ce n’est pas de ta faute et c’est un bon indicateur qui pourra te permettre d’améliorer ton niveau de bonheur par la suite. Pour tout te dire, ce qui se passe à ce moment là, c’est à cause de ton amygdale.

Le cerveau humain est un organe complexe et fascinant qui est loin d’avoir révélé tous ses secrets aux scientifiques qui l’étudient. Deux petites structures en forme d’amande situées profondément dans les lobes temporaux du cerveau intéressent particulièrement les neuroscientifiques. Il s’agit de l’amygdale. Elle joue un rôle crucial dans notre vie émotionnelle, nous aidant à détecter et à répondre aux menaces et récompenses potentielles de notre environnement. Elle est impliquée dans de nombreuses autres fonctions cérébrales comme la mémoire et la prise de décision. Mais pourquoi s’y intéresser dans un blog sur le bonheur ? Quel est son potentiel rôle et comment cette petite structure cérébrale peut nous rendre plus heureux, ou pas ? C’est ce que nous allons découvrir dans cet article.

Structure de l’amygdale

L’amygdale fait partie du système limbique, un groupe de structures cérébrales interconnectées qui régulent les émotions, la mémoire et la motivation. Il est composé de plusieurs sous-régions, dont le complexe basolatéral, le noyau central et le noyau médial. Chacune de ces sous-régions joue un rôle légèrement différent dans le traitement des informations émotionnelles.

Le complexe basolatéral, par exemple, serait impliqué dans le stockage et la récupération des souvenirs émotionnels, tandis que le noyau central est responsable de l’expression des réponses émotionnelles, telles que la peur et l’agressivité. Le noyau médial, quant à lui, est censé jouer un rôle dans le comportement social, y compris la reconnaissance des expressions faciales et le traitement des signaux sociaux.

L’une des fonctions clés qui nous intéresse sur ce blog est son rôle essentiel dans la formation et la régulation des réponses émotionnelles, notamment la peur, l’anxiété, la colère et le plaisir.

Comment fonctionne l’amygdale ?

L’amygdale reçoit des informations de plusieurs voies sensorielles, notamment la vision, l’ouïe et l’odorat. Lorsque nous rencontrons un stimulus potentiellement menaçant ou émotionnellement significatif, comme, par exemple, une branche en forêt qui ressemble à un serpent, ces informations sensorielles sont envoyées à l’amygdale pour traitement afin de savoir quelle réaction nous devons adopter face à cet événement.

Les informations sensorielles sont traitées de manière hiérarchique.
Tout d’abord, le traitement initial se produit dans les cortex sensoriels primaires puis est relayé à l’amygdale. Par exemple, les informations visuelles sur la branche qui ressemble à un serpent seront traitées dans le cortex visuel primaire, puis envoyées à l’amygdale pour traitement.

Une fois que l’information sensorielle atteint l’amygdale, elle est traitée par les différentes sous-régions de l’amygdale. Certains neurones de ces différentes sous-régions sont responsables de la reconnaissance et du traitement des caractéristiques sensorielles spécifiques du stimulus, telles que sa forme, sa couleur ou son son. D’autres neurones sont impliqués dans l’attribution d’une signification émotionnelle au stimulus, sur la base d’expériences passées ou d’associations apprises.
Ces informations de référence internes convoquées par l’amygdale vont permettre le traitement des informations sensorielles et influencer la signification émotionnelle attribuée au stimulus. Ensuite une réponse comportementale réactionnelle sera ordonnée au corps.
Dans notre exemple, un serpent étant catalogué par notre mémoire comme potentiellement très dangereux et compte tenu de l’urgence face à ce danger potentiel, notre cerveau choisit de croire que la branche est un serpent. L’amygdale envoie donc des signaux à d’autres parties du cerveau, y compris l’hypothalamus et le tronc cérébral, qui déclenchent la réponse physiologique appropriée : libération d’adrénaline, de cortisol et d’autres hormones de stress, augmentation des rythmes cardiaque et respiratoire, attention accrue afin de préparer le corps au combat ou à la fuite.

Dans le même temps, l’amygdale enverra un signal au gris périaqueducal, une région du tronc cérébral impliquée dans la modulation de la douleur. Cela déclenchera la libération d’endorphines, ce qui peut aider à réduire la douleur (permet d’oublier qu’on n’a pas fait de 400m départ arrêté depuis le collège) et augmenter les sensations de plaisir (satisfaction/soulagement de s’éloigner du potentiel danger).

Toutes ces opérations s’effectuent extrêmement vite dans notre cerveau et c’est notre inconscient qui gère le tout afin d’assurer notre survie (pour rappel, notre survie est la priorité number one de notre cerveau).

Ce n’est qu’un peu plus tard que la partie du cerveau qui rationalise les événements, le cortex préfontal, reçoit toutes les informations concernant l’événement. Et c’est là que, dans notre exemple, il nous fait prendre conscience que le serpent n’est en fait qu’une branche et qu’il ne représente aucun danger. L’amygdale cesse alors son message d’alerte d’urgence et commande la libération d’hormones de détente. C’est le soulagement et parfois même l’auto-dérision pour avoir eu une réaction trop forte face à une simple branche.

Les rôles de l’amygdale qui nous intéressent pour notre bonheur

L’amygdale a de nombreuses fonctions (reconnaissance faciale, interprétation des signaux sociaux, reconnaissance des émotions d’autrui…), mais celles qui nous intéresse joue un rôle certain dans notre capacité à améliorer notre niveau de bonheur.

Les scientifiques ont démontré que l’amygdale joue un rôle prédominant dans :

  • l’apprentissage des émotions
  • la gestion des émotions (notamment les « fortes » comme la peur ou la colère)
  • la réponse émotionnelle donnée à un événement donné
  • la formation des souvenirs dits émotionnels.

Lors d’un événement émotionnellement fort, l’amygdale active d’autres régions du cerveau, telles que l’hippocampe et le cortex préfrontal, pour former un souvenir de l’événement. Les souvenirs émotionnels sont souvent plus forts et plus durables que les souvenirs neutres, en partie en raison de l’implication de l’amygdale. Cette activation permet de stocker des informations détaillées sur l’événement, telles que les circonstances environnantes, les émotions ressenties et les actions mises en place.

Quand un événement ressemblant à un souvenir à fort impact émotionnel se produit, l’amygdale va possiblement donné la même réponse que celle donnée au premier souvenir, par soucis d’économie d’énergie et de protection. Ce qui ne sera pas forcément approprié, surtout dans le cas d’un souvenir négatif. Si la réponse donnée permet de fuir ou de repousser ce qui est considéré comme agresseur alors cette nouvelle expérience va venir renforcer le souvenir. Ce renforcement va améliorer la consolidation de la mémoire, rendant le souvenir plus solide et plus difficile à effacer. Ce souvenir, lorsqu’il sera à nouveau sollicité par l’amygdale pour faire face à une situation, aura une encore plus forte priorité dans la prise de décision.

Par exemple, si vous deviez vivre un événement traumatisant, tel qu’un accident de voiture parce que vous n’avez pas vu la priorité à droite, ton amygdale encoderait les circonstances et les aspects émotionnels de cette expérience dans ta mémoire à long terme, ce qui augmenterait la probabilité que tu te souviennes de l’événement avec des détails saisissants pour les années à venir. À présent, ton amygdale détecte toutes les priorités à droite.

Il est important de noter que l’amygdale ne stocke pas les souvenirs elle-même.

Toutefois, c’est la qualité de son encodage qui va contribuer à la création de nos croyances. En effet, compte tenu de l’impact émotionnel de l’événement et de la capacité d’analyse rationnelle de notre cerveau au moment de cet événement, l’amygdale va encoder des distorsions, des généralisations ou des omissions et ainsi générer des croyances qui serviront de référence (filtres inconscients) pour l’avenir.

De plus, quand un nouvel événement ressemble de près ou de loin à un événement passé vécu comme traumatique, l’amygdale va précipiter sa réponse en se référant prioritairement à ce souvenir, même si la situation était totalement différente et ne méritait pas la même réponse. La rationalisation ne viendra que plus tard et souvent trop tard, le mal étant fait. Cette réaction est incontrôlable car totalement inconsciente.
Mais, heureusement, la prise de conscience des schémas émotionnels automatiques permet de prendre du recul (c’est un entraînement de tous les jours, je te l’accorde) et les thérapies brèves telle que l’EMDR ou la PNL sont très efficaces pour « désenflammer » l’amygdale de ses traumas anciens et inappropriés à la vie que l’on désire avoir.

En conclusion

Tu l’auras compris, un des rôles essentiels de l’amygdale est de gérer nos émotions et nos réactions face à des événements extérieurs. Lorsque les événements et souvenirs sont positifs, même si notre réaction est disproportionnée, c’est moins gênant que quand on réagit par peur, colère ou agressivité excessive.
La période de l’enfance est celle où l’apprentissage des émotions est prépondérant. Le cerveau est encore en cours de formation et il n’a pas encore toute la maturité nécessaire pour former des souvenirs avec discernement. C’est en général à cette période de la vie que des événements à fort impact émotionnels sont vécus et encodés de façon négative en souvenirs puissants et souvent inconscients (c’est ce que l’on appelle les traumatismes de l’enfance). C’est ceux-là qui viennent nous pourrir la vie de façon le plus souvent inconsciente.
Par soucis, d’économie d’énergie, notre cerveau va transformer ces expériences en croyances, à grands coups de généralisations, de distorsions et d’omissions. Mais ça c’est un autre sujet à découvrir dans le prochain article.
La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que, quand on prend conscience de comment ça fonctionne, on peut aller modifier la programmation afin de se créer de meilleurs souvenirs. Ainsi l’amygdale à une meilleure référence interne et va donc proposer une réaction émotionnelle plus équilibrée et adaptée à l’événement. C’est ainsi que l’on pourra atteindre une certaine sérénité qui pourra ressembler au bonheur.

Sources :

Si tu as aimé cet article et que tu penses qu'il peut être utile à quelqu'un, sens-toi libre de le partager ! :)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

[instagram-feed]